Dans un monde de plus en plus défini par des défis complexes, la nécessité de repenser la façon dont nous mesurons le progrès n’a jamais été aussi urgente. Au cours de la semaine au Forum économique mondial à Davos, B Lab Suisse, en collaboration avec InTent, a organisé le premier forum Beyond GDP dans la tente SDG, réunissant plus de 180 dirigeant·es et expert·es pour donner le coup d’envoi de l’Initiative Swiss Impact & Prosperity (SIPI). Cette initiative représente une étape audacieuse vers la redéfinition de la prospérité en dépassant le PIB (produit intérieur brut) comme seule mesure du succès national.
Depuis des décennies, la Suisse est synonyme de puissance économique et d’innovation. Cependant, le recours traditionnel au PIB néglige des dimensions essentielles de la prospérité, notamment la durabilité environnementale, le bien-être de la société et l’équité. Le SIPI remet en question ce paradigme dépassé en proposant un cadre transformateur qui mesure de manière holistique le succès d’une nation.
Son orientation à long terme, son approche pragmatique et son engagement profond en faveur du développement durable en font un leader idéal pour redéfinir la prospérité. Étant donné que les émissions provenant des activités économiques de la Suisse dépassent largement ses frontières, le SIPI met également en évidence la responsabilité mondiale du pays à agir.
Le forum « Beyond GDP » a illustré l’esprit de collaboration qui est au cœur du SIPI. Un panel à fort impact, animé par David Bach (président, IMD), a exploré le potentiel de transformation de la mesure de la prospérité au-delà du PIB. Les panélistes ont partagé un point de vue commun : si nous ne disposons pas des bonnes informations, nous ne pouvons pas agir. Comme l’a souligné Jonathan Normand (fondateur et CEO, B Lab Suisse), les chiffres et les mesures sont les lentilles à travers lesquelles nous voyons le monde – mais quels sont les chiffres disponibles et quels sont ceux que nous devrions suivre ? Ces questions cruciales sous-tendent le développement de SIPI, soulignant l’importance de données pertinentes et actionnables pour relever les défis de notre temps.
Sandrine Dixson-Declève (coprésidente du Club de Rome) a souligné ce problème en déclarant:
Nous avons besoin d’une bonne réglementation et de bons indicateurs. Nous disposons de suffisamment de données et d’exemples. Mais nous sommes entrés dans une spirale où l’on transforme des données en rapports, qui sont entre les mains de cinq entreprises.
– Sandrine Dixson-Declève, coprésidente du Club de Rome
Son commentaire souligne l’urgence de créer des cadres accessibles et impartiaux qui favorisent l’action collective, plutôt que de concentrer le contrôle entre les mains de quelques entités.
Sur cette base, les panélistes ont tous convenu qu’un nouveau cadre devrait s’éloigner des objectifs en matière de rapports, en veillant à ce qu’il devienne plus accessible à toutes les parties prenantes, y compris – et avec une attention particulière pour – les PME. Pour y parvenir, il faut de la simplicité. L’ambassadrice Andrea Rauber Saxer (SECO) a fait remarquer que la majorité des entreprises en Suisse sont des PME, qui n’ont souvent pas les ressources nécessaires pour gérer des systèmes de reporting complexes. Elle a insisté sur le fait que les mesures doivent être simples pour permettre aux entreprises de toutes tailles de participer efficacement. Cette approche favoriserait l’inclusivité et assurerait une large adoption du nouveau cadre.
Après le panel, les participant·es ont rejoint des tables de discussion pour approfondir le cadre du SIPI et partager des idées pour sa réussite. Ces sessions ont permis de dégager des idées concrètes et de renforcer la responsabilité collective de redéfinir la prospérité. Les principaux thèmes abordés ont été les suivants :
Le cadre de l’initiative Swiss Impact & Prosperity (SIPI) évoluera grâce à l’engagement rigoureux des parties prenantes et à la validation scientifique, ce qui permettra de s’assurer que ses paramètres trouvent un écho au niveau local et mondial. D’ici le troisième trimestre 2025, le SIPI devrait être prêt pour une mise en œuvre plus large, positionnant la Suisse comme un exemple mondial de prospérité durable et inclusive.
Comme l’a fait remarquer Jonathan Normand, fondateur et CEO de B Lab Suisse,« Cette année encore, le rapport sur les risques mondiaux a confirmé qu’à côté des inégalités, des risques technologiques, de la désinformation ou des conflits d’intérêts, les risques structurels les plus importants sont d’ordre environnemental. Et c’est précisément ce à quoi nous devons nous attaquer. Nous devons nous demander comment passer de mesures réactives à des solutions proactives. »
C’est la raison pour laquelle le SIPI ne doit pas être un simple cadre, mais un appel à une nouvelle façon de mesurer et d’atteindre la prospérité. En redéfinissant ce qui compte vraiment, la Suisse a la possibilité de montrer l’exemple et d’établir une norme mondiale en matière de durabilité et de progrès.
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