Redéfinir la prospérité : Lancement de l'initiative Swiss Impact & Prosperity à Davos

Dans un monde de plus en plus défini par des défis complexes, la nécessité de repenser la façon dont nous mesurons le progrès n’a jamais été aussi urgente. Au cours de la semaine au Forum économique mondial à Davos, B Lab Suisse, en collaboration avec InTent, a organisé le premier forum Beyond GDP dans la tente SDG, réunissant plus de 180 dirigeant·es et expert·es pour donner le coup d’envoi de l’Initiative Swiss Impact & Prosperity (SIPI). Cette initiative représente une étape audacieuse vers la redéfinition de la prospérité en dépassant le PIB (produit intérieur brut) comme seule mesure du succès national.

Présentation de l’initiative Swiss Impact & Prosperity (SIPI)

Depuis des décennies, la Suisse est synonyme de puissance économique et d’innovation. Cependant, le recours traditionnel au PIB néglige des dimensions essentielles de la prospérité, notamment la durabilité environnementale, le bien-être de la société et l’équité. Le SIPI remet en question ce paradigme dépassé en proposant un cadre transformateur qui mesure de manière holistique le succès d’une nation.

Caractéristiques principales du SIPI

Mesures complètes

Le SIPI combine des indicateurs économiques, environnementaux, sociaux et humains pour offrir une vision complète de la prospérité, en abordant des questions telles que l'épuisement des ressources et les inégalités sociales.

Conception collaborative

Créé avec la contribution d'entreprises, d'universités, d'agences publiques et d'ONG, le SIPI est inclusif et pertinent.

Implémentation progressive

Le SIPI se déploie en trois phases : consultation des parties prenantes, programmes pilotes et déploiement à l'échelle nationale.

Transparence

Le SIPI fournit des données accessibles et impartiales, offrant un modèle reproductible pour d'autres pays.

Au cœur du SIPI se trouvent les différentes méthodes que nous utilisons pour mesurer le succès, en fournissant une vision claire et une approche unifiée pour conduire des changements significatifs.

Pourquoi la Suisse est prête à jouer un rôle de leader

Son orientation à long terme, son approche pragmatique et son engagement profond en faveur du développement durable en font un leader idéal pour redéfinir la prospérité. Étant donné que les émissions provenant des activités économiques de la Suisse dépassent largement ses frontières, le SIPI met également en évidence la responsabilité mondiale du pays à agir.

Perspectives du panel « Beyond GDP » (Au-delà du PIB)

Le forum « Beyond GDP » a illustré l’esprit de collaboration qui est au cœur du SIPI. Un panel à fort impact, animé par David Bach (président, IMD), a exploré le potentiel de transformation de la mesure de la prospérité au-delà du PIB. Les panélistes ont partagé un point de vue commun : si nous ne disposons pas des bonnes informations, nous ne pouvons pas agir. Comme l’a souligné Jonathan Normand (fondateur et CEO, B Lab Suisse), les chiffres et les mesures sont les lentilles à travers lesquelles nous voyons le monde – mais quels sont les chiffres disponibles et quels sont ceux que nous devrions suivre ? Ces questions cruciales sous-tendent le développement de SIPI, soulignant l’importance de données pertinentes et actionnables pour relever les défis de notre temps.

Sandrine Dixson-Declève (coprésidente du Club de Rome) a souligné ce problème en déclarant:

Son commentaire souligne l’urgence de créer des cadres accessibles et impartiaux qui favorisent l’action collective, plutôt que de concentrer le contrôle entre les mains de quelques entités.

Sur cette base, les panélistes ont tous convenu qu’un nouveau cadre devrait s’éloigner des objectifs en matière de rapports, en veillant à ce qu’il devienne plus accessible à toutes les parties prenantes, y compris – et avec une attention particulière pour – les PME. Pour y parvenir, il faut de la simplicité. L’ambassadrice Andrea Rauber Saxer (SECO) a fait remarquer que la majorité des entreprises en Suisse sont des PME, qui n’ont souvent pas les ressources nécessaires pour gérer des systèmes de reporting complexes. Elle a insisté sur le fait que les mesures doivent être simples pour permettre aux entreprises de toutes tailles de participer efficacement. Cette approche favoriserait l’inclusivité et assurerait une large adoption du nouveau cadre.

Faire avancer le SIPI : Principaux enseignements des discussions

  1. Élargir la conversation – En s’appuyant sur le panel, les participant·es ont insisté sur l’idée d’inclusion et sur la nécessité d’inclure des voix extérieures à la communauté de la durabilité, y compris celles des sceptiques et des personnes ayant des points de vue différents.
  2. Exploiter efficacement les données – Les participant·es et les intervenant·es se sont mis·es d’accord sur le fait que les données nécessaires sont déjà disponibles, mais qu’elles doivent être mieux utilisées. Anna Fontcuberta i Morral (présidente, EPFL) a fait remarquer que « les données, c’est le pouvoir » et Stephanie Hart (vice-présidente exécutive, Nestlé) a souligné l’importance de garantir l’exactitude des données pour instaurer la confiance.
  3. Élaborer une narration forte – Des données exactes ne suffisent pas. Comme l’a fait remarquer Sandrine Dixson-Declève, de nombreuses personnes ne font plus confiance aux décisions fondées sur les données. Le SIPI doit se concentrer sur la création d’un récit clair et engageant qui éduque et inspire l’action dans tous les secteurs.

Un regard vers l’avenir : Le chemin vers le lancement de SIPI

Le cadre de l’initiative Swiss Impact & Prosperity (SIPI) évoluera grâce à l’engagement rigoureux des parties prenantes et à la validation scientifique, ce qui permettra de s’assurer que ses paramètres trouvent un écho au niveau local et mondial. D’ici le troisième trimestre 2025, le SIPI devrait être prêt pour une mise en œuvre plus large, positionnant la Suisse comme un exemple mondial de prospérité durable et inclusive.

Comme l’a fait remarquer Jonathan Normand, fondateur et CEO de B Lab Suisse,« Cette année encore, le rapport sur les risques mondiaux a confirmé qu’à côté des inégalités, des risques technologiques, de la désinformation ou des conflits d’intérêts, les risques structurels les plus importants sont d’ordre environnemental. Et c’est précisément ce à quoi nous devons nous attaquer. Nous devons nous demander comment passer de mesures réactives à des solutions proactives. »